Pensées suicidaires “réflexe”

Définition d’une pensée suicidaire réflexe (IT Supreniro) :

Visualisation et projection mentale, spontanée, automatique, involontaire et immédiate, se présentant à un individu, comme une solution, visant à faire cesser une stimulation ou une situation insoutenable.

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Témoignage : Madame X est responsable depuis plusieurs années, d’une agence d’assurances santé et prévoyance. La quarantaine alerte, cette mère de famille, jongle entre « plusieurs vies » avec entrain et enthousiasme.

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Journées de travail à rallonge, contraintes de management, objectifs commerciaux de plus en plus élevés d’années en années, un service qualité client qu’elle veut irréprochable, la gestion des réclamations avec conscience professionnelle, la régulation fréquente de problèmes informatiques qui impactent la fluidité de ses tâches quotidiennes et qui l’obligent à de fréquentes mises à jour pour rattraper le retard, des procédures internes de plus en plus lourdes et chronophages, le traitement des incidents journaliers : colère d’un adhérent, retard du centre de gestion dans le traitement des dossiers, erreurs de remboursement, la visite de clients mystère qui la poussent dans ses retranchements, ils sont là pour la noter et elle le sait, etc.

Motivée par sa hiérarchie à se dépasser sans cesse, elle entre dans le jeu de la compétition avec les autres points de vente de l’enseigne. Un tableau des résultats et des statistiques individuelles contribue au maintien d’une émulation, d’une hypervigilance favorisant une hyperactivité.

Les nuits deviennent de plus en plus courtes, le sommeil non réparateur, la volonté d’être consciencieuse et « sur tous les fronts » à la fois, l’entraînent dans un cercle vicieux de dépassement de ses limites physiologiques et mentales.

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Quelques petites piques assassines d’un collègue, une compétitivité devenue journalière, l’arrêt impromptu d’un collaborateur en période de forte affluence, l’absence de réactivité de sa hiérarchie, qui n’exerce pas son devoir de sécurité et de prévention des risques psychosociaux face à sa surcharge évidente de travail. À quoi s’ajoute une soudaine baisse d’estime de soi et la peur de l’échec.

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Elle reprend la cigarette, qu’elle avait arrêtée depuis quelques années et s’inquiète de savoir, avant son retour au domicile, s’il reste de cet antidépresseur naturel qu’elle a pris l’habitude de consommer quotidiennement. C’est devenu un rituel pour se détendre et mieux dormir…

La spirale infernale du burn out s’est actionnée. Elle n’en a pas vu venir les signes précurseurs. C’est « une gagnante », elle pense qu’elle « y arrivera » et elle se défend de respecter ses besoins fondamentaux de retour à l’équilibre.

Le plus glaçant, est ce qu’elle décrit des pensées suicidaires réflexes qui la traversaient de plus en plus souvent, alors qu’elle était seule au volant de sa voiture, sur le chemin du travail, où, durant 30 minutes, dans ce vide existentiel, elle voyait sa voiture percuter un arbre, sans en éprouver ni peur, ni regret.

La crainte du passage à l’acte, dans un moment de baisse de vigilance, la taraudait de plus en plus, ce qui renforçait son anxiété.

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Il a fallu qu’un matin d’embauche, elle soit incapable de sortir de son lit, pour réaliser avec sidération son effondrement intérieur.

Il est heureux que Madame X ait toujours gardé sa présence d’esprit et qu’elle n’ait pas succombé, en la fraction de seconde suffisante pour cela, à l’envie de tourner le volant vers un obstacle « libérateur ».