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Les études expérimentales de la conscience
Source : Stanilas DEHAENE – collège de France 2010.
A lire de Stanilas DEHAENE – Le Code de la Conscience
Les explorations scientifiques
Exemple de cécité induite par le mouvement
Bonneh – Cooperman et Nagi 2001
Illusion d’optique, comment expliquer la disparition des points jaunes sur l’écran ?
Quels sont les mécanismes de la prise de conscience ?
Concept d’une âme immatérielle.
René DESCARTES, ramène l’ensemble des opérations mentales à une opération mécanique. Toutefois, à un certain niveau restent la pensée, quelque chose d’immatériel qui interagit avec la glande pinéale au centre du cerveau (récepteur des informations sensorielles)
Cette solution est rejetée pour les problèmes concrets de communication supposée entre un niveau immatériel et le niveau matériel du cerveau.
William JAMES interroge : la conscience n’est elle qu’une essence immatérielle ?
Recherches sur la gravité quantique
Le physiologiste John Eccles imagine que l’interaction cartésienne entre corps et âme se produit par la mise en liaison des « dendrons » (unités fondamentales du cortex) et des « psychons » (unités de l’esprit conscient) par effet quantique.
Roger PENROSE, physicien, base une réflexion logique sur l’analyse mathématique du théorème de Kurt GÖDEL[1]. Le théorème de l’incomplétude de GÖDEL dit qu’en mathématiques, il existe toujours des choses indémontrables et pourtant vraies.
C’est pour PENROSE, la preuve que l’esprit humain dispose d’intuitions qui dépassent les calculs accessibles aux machines de Turing, et recherchent dans des propriétés inconnues de la matière (gravitation quantique) une forme nouvelle de calcul conscient
Roger PENROSE propose que l’esprit doit obéir à des principes computationnels* qui ne sont pas encore connus. Il explore du côté de la physique quantique, de la gravité quantique plus précisément.
Il soumet que ces mécanismes pourraient se retrouver dans les microtubules de nos neurones et de nos cellules.
*La théorie du traitement de l’information sans conscience (Shannon) et la découverte de mécanismes universels de computation (Wiener, Turing, von Neumann) influencent profondément la psychologie cognitive alors naissante. La métaphore de l’ordinateur laisse entrevoir une description purement calculatoire ou algorithmique des opérations mentales. Dans ce contexte, le traitement non-conscient de l’information ne pose plus aucune difficulté conceptuelle, car c’est bien évidemment sans conscience qu’opèrent les ordinateurs. C’est au contraire la nature, voire l’existence même de la conscience qui devient l’objet de polémiques, au point que l’étude scientifique de la conscience restera en marge des sciences cognitives pendant plusieurs dizaines d’années.
Le Panpsychisme est une conception philosophique. C’est l’idée que la conscience constitue toute matière.
[1] Théorème d’incomplétude : A partir du moment où on peut faire au moins de l’arithmétique, quelque soit le système d’axiomes qu’on utilise, il existera toujours des affirmations qui ne sont ni VERIFIABLES, ni DEMONTRABLES.
Les explorations psychologiques du 19ème siècle
La conscience fait partie des questions centrales en psychologie, tout comme en philosophie et en neurosciences.
La méthode introspective
JANET, JACKSON, KORSAKOFF, FREUD entre autres, ont pour objet d’étude l’esprit humain et plus particulièrement, le phénomène d’amnésie. La méthode introspective est remise en question et fait l’objet d’attaques sévères par les contradicteurs. Le rôle de l’introspection est important. C’est elle qui définit le phénomène que l’on cherche à étudier, selon le rapport qui est établi de ce qui est vécu. L’utilisation d’échelles est subjective et l’introspection ne saurait à se titre avoir un statut privilégié.
Les théories de l’information
Au milieu du 20ème siècle, il y a une approche sur les théories de l’information et du traitement de l’inconscient.
Les neurosciences rejetant alors le modèle de la conscience. Car les recherches se bornaient au système nerveux dans l’étude de l’anesthésie
Des pensées « d’ordre supérieur » ?
Mickael GAZZINIGA, professeur de psychologie, dirige le centre S.A.G.E pour l’étude de l’esprit.
Center for the Study of the Mind
Neurosciences des états mentaux
Les neurosciences cognitives tentent de réaliser la connexion entre neurosciences et psychologie
Le cas du patient HM (né en 1928 et mort en 2008) a fait l’objet d’études mondiales.
A 7 ans l’individu subi un accident de vélo et souffre de liaisons cérébrales. A l’adolescence, il commença à souffrir de crises d’épilepsie.
Le cas du patient H.M
William BEECHER SCOVILLE son médecin explore toutes les pistes médicamenteuses sans résultat.
Devant l’aggravation de l’état du patient H.M , le docteur propose de retirer les zones du cerveau à l’origine des crises. Les résultats sont probants, le patient ne fera plus aucune crise d’épilepsie jusqu’à son décès survenu à l’âge 82 ans.
Cependant celui-ci souffrira d’amnésie ante rétrograde totale (incapacité de construire des souvenirs) , et d’une amnésie rétrograde à 11 ans (incapacité à se remémorer consciemment les événements vécus quelques heures ou quelques minutes auparavant)
Le cas de la vision aveugle (blindsight)
Riddoch dès 1917, puis Ernst Pöppel, enfin Larry Weiskrantz étudient plusieurs patients atteints de lésions de l’aire visuelle primaire, dont la neurologie classique stipule qu’elles abolissent toute vision consciente (cécité corticale).
Ils démontrent qu’en réalité, le patient possède encore, sans le savoir, une vision du mouvement et une capacité de pointer ou d’orienter les yeux vers une cible – des fonctions résiduelles qui impliqueraient des circuits non-conscients du colliculus supérieur, du pulvinar et de l’amygdale
Pour étudier expérimentalement la conscience, il faut répondre à la difficulté d’étudier du subjectif (expérience individuelle) par de l’objectif (observateur).
Neuropsychologie des interprétations et des croyances.
D’après l’exposé de Lionel Naccache – janvier 2011 -Séminaire- Amphithéâtre Marguerite de Navarre – Marcelin Berthelot.
A lire de Lionel Naccache : Le nouvel inconscient – Perdons-nous connaissance ?
Le concept de représentation :
Une représentation mentale ou représentation cognitive est l’image qu’un individu se fait d’une situation, du monde, de lui-même, de manière irrépressible (spontanément et sans effort), d’après des processus interprétatifs qui proviennent de lui et d’après ses croyances.
Comme toute activité humaine est organisée en vue d’une fin, la notion de représentation est proche du concept d’intentionnalité.
C’est à partir de patients malades que l’on explore la conscience et que l’on découvre des compétences cognitives que l’on n’aurait pas pu observer sur des cas de sujets bien portants. Il s’agit ensuite de déterminer dans quelle mesure il possible de généraliser les découvertes aux patients sains.
L’étude du patient Split Brain en 1977, permet de comprendre les limites de l’introspection qui n’a pas accès à toutes les informations, et qui est fondée sur des interprétations croyances. Ceci, comme pour le patient de Gazzaniga, peut amener le sujet loin de la réalité objective de ce qui à participer à un comportement ou une prise de décision.
Les représentations mentales surgissent spontanément, de façon élaborée sans que l’on en ait conscience De simples figures géométriques animées suffisent à faire jaillir en nous l’attribution d’un sens et d’une intentionnalité[3].
Nous croyons en ce que nous percevons avec nos sens et que nous vivons consciemment, même si on le qualifie d’incroyable- comme dans le cas de la magie-, et même si cela remet en cause notre modèle du monde – comme dans le cas des expériences extraordinaires.
Autour de la fonction fabulatrice de la conscience, on peut citer la construction de soi d’après une identité subjective et l’effet placebo comme réponse à un syndrome.
Le concept de fiction :
Une fiction est un alliage de d’interprétation et de croyance, qui peuvent être assez proches de la réalité objective. Une fiction peut être exacte ou fausse.
Les fictions démasquées par la neuropsychologie
d’après des pathologies neurologique ou psychiatrique :
- Confabulations mnésiques (mémoire) : Le sujet remplit des trous de mémoires par un contenu narratif auquel il adhère.
- Hallucinations visuelles/auditives (perception) : il y a un contenu narratif sur la perception.
- Hallucinose : le sujet voit des choses dont il sait qu’elles ne sont pas vraies.
- Délire de négation de Cotard (soi). Il y a négation d’organes, un sentiment d’immortalité, ou l’idée que son corps est mort.
- Dysmorphophobie (soi) : il s’agit d’obsession et de pensées excessives sur un « défaut physique imaginaire ».
- Délire paranoïaque (monde/soi) : à partir d’une intuition délirante, souvent perçue comme une révélation, généralement centrée sur un seul thème (jalousie, préjudice, complot etc.), la narration se déploie de manière organisé, logique, claire pouvant même emporter l’adhésion des auditeurs.
- Syndrome de la main étrangère (soi/agentivité) : Les sujets atteints ont la sensation de n’avoir aucun contrôle sur les mouvements de la main et qu’elle est capable d’agir en toute autonomie — c’est-à-dire indépendamment du contrôle de leur volonté.
- Asomatognosie (soi/corps) : Incapacité pour un patient de reconnaître une partie ou la totalité de son corps.
- Anosognosie (soi/déficits) : Incapacité pour un patient de reconnaître la maladie ou la perte de capacité fonctionnelle dont il est atteint (Alzheimer).
- La prosopagnosie : sentiment de familiarité (estimé d’après les réponses émotionnelles électrodermale végétatives sur le derme-sueur) sans identification consciente de reconnaissance de la personne (Alzheimer).
- Paramnésie réduplicative (objets, lieux) : Croyance délirante qu’un site ou une localisation a été dupliqué ou déplacé simultanément dans un ou plusieurs endroits.
- Syndrome de Capgras (perception visages) : le neuropsychiatre français a publié en 1926 un article sur le délire ou l’illusion des sosies. Il s’agit d’un trouble de l’identification des personnes caractérisé par la conviction délirante qu’une (ou plusieurs) personne(s) proche(s) du sujet ont été remplacées par des doubles (physiquement identiques) qui le persécutent.
La conscience sous IRM fonctionnelle
Il s’agit de prouver la conscience par la détermination de :
– quel est le type de traitement de l’info ?
– quel type d’état neural est associé à l’état conscient ?
Le projet consiste à mettre en corrélation les états psychiques et neuronaux, avec les rapports conscients des sujets. On demande à un sujet de cliquer sur un bouton à chaque hallucination perçue. On peut voir des mécanismes cérébraux qui se rapportent au moment de l’hallucination sur l’IRM fonctionnelle (caméra positron).
Le phénomène des OBE (Out Body Expérience)
Olaf BLANKE est médecin, neurologue et neuroscientifique suisse et allemand. Il étudie le phénomène des OBE (autoscopie).
Les corrélats neuronaux de la conscience
Francis CRICK et Christof KOCH établissent un programme de recherches sur les corrélats neuronaux de la conscience (Neural correlates of consciousness ou NCC)
Par Yann Verdo Publié le 1 août 2014 à 1:01Mis à jour le 6 août 2019 à 0:00
D’après Christof Koch, directeur scientifique de l’Institut Allen des sciences du cerveau, basé à Seattle
«La majorité des neurologues est persuadée que la modélisation du travail des neurones permettra de simuler la conscience » (…)
Le prix Nobel Francis Crick, dans un livre choc paru en 1994 sous le titre « L’Hypothèse stupéfiante : à la recherche scientifique de l’âme », le codécouvreur de la structure en double hélice de l’ADN écrivait : « « Vous », vos joies et vos peines, vos souvenirs et vos ambitions, l’idée que vous vous faites de votre identité personnelle et de votre libre arbitre ne sont en fait rien de plus que le comportement d’un vaste assemblage de cellules nerveuses et des molécules qui leur sont associées. »
(Extrait de l’article ci-joint)
L’imagerie cérébrale
L’imagerie cérébrale s’intéresse aux niveaux de vigilance
L’état de conscience (veille, sommeil, coma, état végétatif) est différent du contenu de conscience (prise de conscience d’une information particulière ou « conscience d’accès »)
Critères d’accès à une information
Il n’y a pas de consensus sur ce qui constitue un critère minimal d’accès à la conscience
Critère de rapportabilité.
Selon Larry Weiskrantz (1997), le critère expérimental essentiel est la « rapportabilité » des stimuli. Une information est consciente lorsqu’un sujet (humain ou animal) est capable de la décrire verbalement ou non et d’en rapporter certaines de ses caractéristiques
La conscience de soi
La conscience de soi, étudiée par Antonio DAMASIO et Gérald FAELMAN. Selon ces chercheurs, la référence au soi joue un rôle essentiel : pour devenir conscient, chaque percept doit être mis en relation avec un point de vue subjectif (le self), une représentation de l’organisme dans l’acte même de percevoir
Quel test utiliser pour une représentation neurale du Soi ?
Test du miroir dit test de GALLUP , en 1970. Sous anesthésie, on place une tache sur le visage d’un singe, puis à son réveil on le place devant un miroir. L’animal va tenter d’ôter la tâche
Cécilia HAYES démontre que plus le singe est jeune et plus le test est probant. Cela induit d’après elle, qu’il s’agit davantage de capacités à explorer et à corréler des gestes que l’on fait avec ce que l’on voit et qui amène à toucher la tâche in fine.
La narration consciente
Michael GAZZANIGA propose que c’est le fait d’avoir une narration consciente qui constitue l’expérience même de la conscience (cas du patient SPLIT BRAIN)
Dan WEGNER Psychosociologue, dit que nous sommes tous soumis à une forme d’illusion de conscience. Même les actions attribuées à notre volonté seraient tout à fait illusoires.
Chris FRITH, dit que la conscience a une fonction sociale dans le but de synchroniser les représentations mentales entre individus. Il s’agit de la capacité de partager nos états mentaux avec autrui.
C. I. Lewis dans le livre « Mind and the World Order« émet en 1929 une proposition de « Qualia ». Il s’agirait d’une conscience phénoménale, ne bénéficiant pas de rapportabilité, et d’accessibilité des phénomènes. Ineffable.
Conclusions contradictoires
Les concepts de self et de qualia s’appuient plus sur une intuition intime que sur une authentique modélisation analytique.
Selon DENETT , lorsque l’on aura compris la totalité des rapports subjectifs à la conscience, il n’y aura plus de rapport objectif à traiter (expérienceur/observateur).
Recherches expérimentales sur les « Qualia »
Les qualia sont les propriétés de la perception et généralement de l’expérience sensible
- les expériences perceptives ;
- les sensations corporelles : douleur, faim, fatigue, chaleur… ;
- les affects : sentiments, émotions, passions… ;
- les percepts mentaux : conscience, intention, jugement, distinction, concentration, remémoration, confiance en soi… ;
- le sentiment du soi.
Les qualia constituent ainsi l’essence même de l’expérience de la vie et du monde. Ce sont des phénomènes psychiques et donc subjectifs, constitutifs des états mentaux.
Source Wikipédia
La cécité aux changements
(surestimation de notre expérience consciente)
La bistabilité de la perception, illustrée par le cube de Necker ou l’illusion du vase et du visage, souligne que notre conscience n’a accès qu’à une fraction des interprétations que notre système visuel calcule pourtant en parallèle
L’expérience de SPERLING (la mémoire iconique disponible permet d’accéder à l’information
La mémoire d’une chose est-elle la conscience de cette chose ?
Expérience de Vincent de GARDELLE, Jérôme SACKUR, & Sid KOUIDER (illusion de percevoir, surinterprétation)
Ce que nous percevons est une combinaison de nos attentes et ce à quoi nous faisons attention ?