D’après la conférence de Maryne MUTIS, psychologue clinicienne et doctorante INTERPSY- IMI – juillet 2021

De quoi s’agit-il ?

La lucidité terminale est un néologisme créé en 2009 par Michael NAHM, biologiste et parapsychologue allemand. C’est un phénomène connu qui fait partie du processus de la mort. Le sujet intéresse les chercheurs depuis le 19ème siècle sans que l’on puisse y donner une explication . Il est fait mention de récupération des facultés de façon temporaire : appétit, talent artistique, idées claires.
Après une baisse d’intérêt pour le sujet au 20ème siècle on assiste à la multiplication des recherches à partir des travaux de Raymond MOODY sur les expériences de mort imminente. Cet état est connu voire observé, par un tiers environ des soignants et des bénévoles de soins palliatifs.
Il n’y a pas de consensus sur la définition, mais l’on peut suggérer : Une réversibilité ante-mortem imprévisible, partielle ou totale, des dysfonctionnements cognitifs et/ou moteurs avec une prévalence de 5% à 10% des cas observés.
Il existe d’autres expressions du phénomène : Le chant du cygne ; le retour de la raison ; l’épanouissement avant la mort ; la poussée pré-mortem ; l’intervalle lucide ; le regain d’énergie ; la lumière avant la fin du tunnel ; le rallye de la fin ; le mieux avant la fin ; la lucidité avant la mort.

Les caractéristiques connues, de la lucidité terminale :

  • Présence d’un état antérieur altéré :  perte irréversible des capacités cognitives,
    coma , aréaction, somnolence, déficit cognitif extrême , inconscient.
  • Retour de la conscience et de la clarté mentale , récupération d’un état cognitif très correct.
  • Réémergence des facultés mentales et physiques.
  • Etat inattendu, brusque et spontané, ne pouvant pas être anticipé.
  • Signal d’alarme qui survient peu de temps avant la mort : il y aurait une relation directe (de quelques heures à quelques jours).

La durée de l’épisode varie de quelques minutes à un mois (dans de rares cas observés).
La conscience s’exprime même si le cerveau est attaqué par la maladie.
Chaque cas est unique.
Il a été observé le cas de Anna Katharina EHMER, qui n’aurait jamais parlé de sa vie et qui s’est mise à chanter durant cette phase.

Une expérience spirituellement profonde pour le patient et les proches

Quand elle peut être intégrée dans les soins, c’est une expérience qui apporte un profond soulagement pour le patient en phase terminale et pour ses proches. C’est aussi un sentiment d’accomplissement pour l’équipe soignante qui peut avoir le sentiment d’avoir fait tout ce qu’il y avait à faire. Accueillir cette étape, sans chercher à la comprendre permet à la famille de saisir ces instant de vie ou le malade est encore vivant pour faire ses adieux, ou demander pardon. Cela peut faciliter le travail de deuil.
Il n’a pas été rapporté de cas de lucidité terminale, vécu de façon négative, comme c’est le cas dans les EMI.
Cependant cette manifestation peut créer, de part l’ignorance scientifique que l’on en a, de la stupéfaction, de la difficulté à mettre des mots tant pour les proches que pour les soignants, que de la crainte d’être jugé non professionnel ou considéré comme un peu fou pour les proches.
Chaque témoin va y réagir, y mettre un sens, selon ses croyances et sa propre interprétation.
Il est important que le personnel soignant mette en garde les proches vis à vis de faux espoirs de guérison /rémission suscités par ce bref rétablissement des facultés psychiques ou/et physiques, qui peuvent être douloureux à gérer par la brusquerie du décès qui suit.

La lucidité terminale remet en question le fait que la personne reste une personne et la nécessité de maintenir une interaction positive avec elle. Cela soulève l’importance de garder une prise en charge centrée sur le patient jusqu’au bout.

Peut-on provoquer sa survenue ?

Des cas de lucidités terminales ont été observés en présence d’interactions avec le patient, après la pratique de massage, de toucher, d’hypnose par exemple.
Le manque de formation du personnel soignant, la lourdeur des traitements sédatifs, pourraient limiter la survenue de l’expérience.
A ce jour, aucun signe ou élément déclencheur ne peuvent être corroborés avec la survenue d’une lucidité terminale.

Etre conscient de la probabilité du phénomène, permet de se préparer à tout et aussi de mieux accompagner le patient jusqu’au terme de sa vie.